Quatre ringardises de notre temps : toujours vraies avec la crise?

Publié le par Popa

Le 27 novembre dernier (voir ici ), je m'aventurais à traiter de quatre ringadises de notre temps: la langue française, le service public, l'écologie et le socialisme.
L'exercice s'annonçait plaisant et facile ! En tout cas sans risque de remise en cause de ces ringadises !

Personne ne contestait que tout le monde devait parler anglais au risque de se mettre en marge de la mondialisation et donc de perdre tous ses amis.
Personne ne contestait que le service public était synonyme de gabegie , de protection sociale odieusement antisociale (vous savez : les fameux "zavantages zacquis...")
Personne ne contestait non plus que les socialistes appartenaient à un passé poussiéreux disparu avec la fermeture des mines, les locomotives à vapeur et l'effondrement du mur de Berlin.
Enfin personne ne contestait que José Bové était un pittoresque franchouillard, très probable descendant d'un  Francis Dumont qui aurait enlevé son pull over rouge à col roulé pour s'accoupler avec une fumeuse de tabac pour pipe made in Dordogne.

Patatras! la crise arrive!
Ouf! au début, ce n'est qu'une crise financière. Lointaine. Là-bas, en Amérique. Et puis personne n'y comprend rien à ces "junks bonds", produits recyclés des "subprimes".
Déjà le "recyclage" aurait dû me mettre la puce à mon oreille d'écolo... Tiens, des ordures dont on ne peut pas se débarrasser autrement qu'en les mettant dans des poubelles de toutes les couleurs? Pas grave, sans doute des financiers peu accoutumés avec le tri sélectif : ils ont mélangé les dettes vraiment sales avec des surplus de consommation à peine entamés. Du gâchis, certes, mais on recycle!

Puis les ordures se sont amassées, personne ne voulait plus les ramasser. Et comme le recyclage ne se faisait plus, (lire : les banques ne pouvaient plus les vendre), la macine sest grippée, le marché ne bougeait plus ou pire, chacun se débarrassait de tout, on en était à la crise économique.
Là, c'est le moment où les ordures vous étouffent. Comme vous ne faites plus confiance à personne, vous regadez vers l'Etat qui, seul, peut se permettre de fabriquer des billets pour redresser un coup les banques, un coup l'industrie automobile, un autre coup les cafés-restaurants, etc...
L'Etat? là encore, çà ,aurait du me mettre la puce à mon oreille socialiste.
Scandaleux d'aider ces gens là, pensez vous? Oui, bon, comme on l'a fait en France, c'est vrai.
Là, je reste encore un peu ringard : d'accord, l'Etat français ne fait que "prêter" les sous du contribuable mais ne s'inquiète pas de contrôler ce qui en est fait en prenant place au Conseil d'Administration.; restons libéraux, que diable!
De même, il renfloue l'industrie automobile sans souci d'exigences d'investissements sur des véhicules propres, Ouf ! ma ringardise est avérée : les voitures non conformes à ce que la planète peut espérer dans les prochaines décennies, ont de beaux jours devant elles.

.Là où çà se complique, c'est qu'on en arrive à la crise sociale.
La crise sociale, c'est le chômage (son accroissement est spectaculaire depuis 3 mois), les exclus, les désordres dans la rue (la Guadeloupe est en grève générale depuis 1 mois, après la Guyane et avant la Martinique et la Réunion probablement, en attendant la métropole), le mécontentement des chercheurs, des étudiants, des employés de supermarchés, etc... la liste s'allonge de jour en jour.
Des jeunes surdiplomés et sans illusion se vendent en solde sur internet ou comme homme sandwich.
Et même en politique où l'opposition était atone (le mot est faible) , un PAC (Parti Anti-capitaliste) est créé, les socialistes si divisés se réorganisent et les voix d'intellectuels et économistes s'élèvent.
La peur s'installe face à l'absenc d'avenir

Et que ne voit-on pas : Sarkozy place un bon copain à la tête du regroupement des Caisses d'Epargne avec les Banques Populaires, l'Etat en prend... 10% du capital ! Mais, soyons clairs, ce n'est pas une nationalisation...
Deviendrai je moins ringard?

Et quand le président de Total est convoqué comme prévenu au Tribunal de Toulouse dans l'affaire AZF, cette usine chimique mal protégée qui a explosée en 2004, ou quand le Prince de Monaco - je ne vous dis que çà !- va s'émouvoir dans un tour de l'Antartique sur l'avenir de notre planète, s'intéresserait-on aux risques sur l'environnement?Et deviendrai je moins ringard?

Je n'ose renoncer complètement à dénoncer ces ringardises : la prise de conscience des valeurs de l'environnement et de la protection de la nature ou la solidarité par  les pratiques de l'économie sociale et du partage équitable ne sont pas encore de mise.
La crise y aidera t-elle? D'aucuns le croient. Je dirai : l'espèrent.


Publié dans humeurs du temps

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