Un remède à la crise : les bons sentiments?

Publié le par Popa et Courrier international

La crise frappe durement.
Depuis plus de 50 ans, rien n'était arrivé de semblable au monde hors les guerres.
Beaucoup souffrent des inepties du monde consumériste et des arrogances capitalistes.
Les hommes, la terre, la nature.
Les valeurs chancèlent, et pas que les boursières. Mais Ne serait-ce pas pour tendre vers la solidarité? Ce serait inespéré pour nous, vos parents, ce serait espéré pour vous nos enfants.
En tout cas, on en émet l'idée ouvertement, c'est nouveau. Peut-être un besoin en réponse au repli sur soi égoîste ou protectionniste, aux récupérations de tout poil, aux espoirs vains en un audelà sans repères.

On avait appelé les années 1980 les “années fric”. Depuis, ça ne s’était guère arrangé. Beaucoup de gens n’étaient pas très heureux, mais ça ne faisait rien. On continuait. On regardait les cours de la Bourse grimper jusqu’au ciel. On enseignait aux plus jeunes à se battre. Le sport de haut niveau avait déteint sur toute une société. Pour arriver plus haut, les PDG s’offraient des coachs personnels. Et, surtout, on mettait la réussite au-dessus de toutes les valeurs.

Sur le terrain politique, ce n’était guère mieux. Dans la foulée d’une Margaret Thatcher, on a vu arriver au pouvoir des hommes (et quelques femmes) décidés, pressés, agressifs (les exemples sont légion, de Poutine à Cheney). De cette vague-là, Nicolas Sarkozy est peut-être le dernier représentant. D’ailleurs, son fameux “Casse-toi, pauvre con !” n’avait pas trop choqué ses concitoyens, qui lui redonnèrent même quelques points dans les sondages d’opinion en 2008…

Puis vint le krach. Soudain, tout ce système idéologique parut déjà épuisé, incapable de se défendre. On le soupçonnait depuis longtemps, mais c’est maintenant une évidence pour tous : il faudra autre chose que la “performance” pour affronter les années à venir. Alors, tout le monde cherche. Bien sûr, le plus simple est d’en appeler à l’Etat pour résoudre nos problèmes, mais on oublie, ce faisant, que l’Etat peut devenir “le plus froid des monstres froids”, comme disait Nietzsche. Alors, à côté des nécessaires interventions bureaucratiques, il faut autre chose. Par exemple, un peu de solidarité. Et même, oui, de la gentillesse, ajoutent le psychanalyste Adam Phillips et l’historienne Barbara Taylor. Ou encore de l’amabilité. Ces “bons sentiments”, c’est vrai, n’ont pas eu bonne presse depuis les années 1960. A l’époque du Peace and Love, on les voyait comme des témoignages de l’hypocrisie bourgeoise. Dans les années fric, on en fit un usage simplement efficace. Et, dans les années 1990, le “politiquement correct” n’en fit pas grand cas… Bref, il est peut-être temps de les réévaluer.

Publié dans humeurs du temps

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